Dubaï, eldorado fiscal ou mirage ?
Depuis plusieurs années, Dubaï attire une foule grandissante d’entrepreneurs, d’investisseurs et d’expatriés. Ses gratte-ciel futuristes, son dynamisme économique et sa réputation de « zone sans impôts » alimentent l’idée d’un eldorado fiscal. Mais si l’image est séduisante, la réalité mérite d’être nuancée.
La fiscalité de Dubaï a évolué rapidement : introduction de la TVA en 2018, mise en place de l’impôt sur les sociétés en 2023, adoption de règles de substance économique. En 2025, Dubaï n’est plus un territoire où tout est permis. C’est désormais un hub fiscal moderne : attractif, compétitif, mais encadré par des normes internationales de plus en plus strictes.
Cet article a pour but d’apporter un regard clair, approfondi et pratique sur la fiscalité à Dubaï aujourd’hui. Il s’adresse à ceux qui envisagent une installation ou un investissement aux Émirats, et qui veulent profiter des avantages sans tomber dans les pièges.
Les piliers de la fiscalité émiratie
1. L’absence d’impôt sur le revenu des particuliers
C’est l’argument le plus connu : Dubaï ne prélève aucun impôt sur le revenu des personnes physiques. Cela signifie que les salaires, honoraires, dividendes, intérêts ou loyers perçus localement par un résident ne sont pas taxés.
C’est cette caractéristique qui attire sportifs, influenceurs et créateurs de contenus, souvent lassés des taux d’imposition élevés en Europe. Mais attention : être exonéré localement ne signifie pas forcément échapper à l’impôt en France. La clé est de prouver sa résidence fiscale à Dubaï, ce qui suppose de rompre avec certains critères de rattachement en France (foyer, centre des intérêts économiques, etc.).
2. La TVA : un impôt indirect discret mais réel
Depuis 2018, les Émirats appliquent une TVA de 5 %. Ce taux reste l’un des plus bas au monde, mais il montre que le système fiscal n’est pas inexistant. Les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse un seuil doivent s’enregistrer, facturer la TVA à leurs clients et déposer des déclarations périodiques.
La TVA constitue une ressource importante pour l’État émirati et un premier pas vers une fiscalité structurée.
3. Le Corporate Tax : 9 % sur les bénéfices
La vraie révolution est intervenue en 2023 : les sociétés établies aux Émirats et dont les bénéfices dépassent 375 000 AED (environ 95 000 €) sont désormais soumises à un impôt sur les sociétés (Corporate Tax) de 9 %.
À première vue, cela pourrait sembler entamer l’attractivité de Dubaï. Mais comparé à la France (25 %), l’Allemagne (30 %) ou les États-Unis (21 %), le taux reste extrêmement compétitif.
Surtout, ce changement rapproche les Émirats des standards internationaux fixés par l’OCDE, renforçant leur crédibilité. Les entreprises doivent désormais respecter des obligations déclaratives strictes, tenir une comptabilité en bonne et due forme, et appliquer les règles de prix de transfert.
Les conventions fiscales, clés de l’attractivité
1. La convention France–Émirats
La convention fiscale signée en 1989 et entrée en vigueur en 1990 a pour but d’éviter la double imposition. Elle contient plusieurs clauses essentielles :
- Dividendes : exonération de retenue à la source sous conditions.
- Salaires : imposables aux Émirats sauf si l’emploi est exercé en France ou payé par un employeur français.
- Revenus immobiliers : toujours imposés dans l’État où se situe l’immeuble (ex. : un appartement à Paris reste taxé en France).
- Pensions publiques : imposées en France, même si le bénéficiaire réside à Dubaï.
Cette convention sécurise les expatriés, mais elle rappelle que l’exonération n’est pas automatique : tout dépend de la résidence fiscale réelle.
2. Le réseau international des Émirats
Avec plus de 130 conventions fiscales signées, les Émirats se positionnent comme un hub mondial. Cela permet aux entreprises locales d’éviter les retenues à la source dans de nombreux pays, et de rapatrier des fonds en profitant d’une fiscalité optimisée.
Les holdings et leur rôle stratégique
1. Pourquoi créer une holding à Dubaï ?
Les sociétés holdings sont des structures qui détiennent des participations dans d’autres entreprises. À Dubaï, elles offrent des avantages considérables :
- Exonération des dividendes reçus de filiales étrangères (si conditions remplies).
- Exonération des plus-values lors de la cession de titres.
- Absence de retenue à la source sur dividendes, intérêts et royalties sortants.
- Possibilité d’implanter la holding dans une Free Zone offrant des avantages supplémentaires.
2. Les Free Zones et leurs avantages
Certaines zones franches permettent à une holding de bénéficier d’un taux de 0 % de Corporate Tax, sous réserve de remplir des critères stricts (activité qualifiante, absence de transactions avec le mainland).
3. Les exigences de substance
Pour éviter les abus, les autorités exigent une substance réelle :
- Locaux et bureaux aux Émirats.
- Employés résidents.
- Comptes bancaires locaux.
- Gestion effective sur place.
Les holdings fictives, simples boîtes aux lettres, sont désormais risquées et exposées à des sanctions.
Les pièges pour les expatriés français
1. Le risque de requalification en résident fiscal français
Un Français qui s’installe à Dubaï mais garde sa famille en France, ou qui continue d’y générer l’essentiel de ses revenus, sera considéré comme résident fiscal français. Il devra donc payer l’impôt sur ses revenus mondiaux en France, malgré son statut officiel à Dubaï.
2. L’exit tax : une bombe à retardement
Depuis 2011, tout contribuable qui transfère son domicile fiscal hors de France et détient plus de 800 000 € d’actifs financiers est soumis à l’exit tax. Celle-ci consiste à taxer les plus-values latentes sur les titres détenus.
Aux Émirats, un sursis peut être obtenu, mais il impose des obligations déclaratives précises. Ignorer ce dispositif expose à de lourds redressements.
3. Les abus de droit
L’administration fiscale française traque les montages artificiels. Monter une société à Dubaï sans activité réelle pour y loger artificiellement des revenus est un risque majeur. L’abus de droit entraîne une requalification et des pénalités pouvant atteindre 80 % de l’impôt éludé.
Opportunités concrètes
1. Entrepreneurs du digital
Les freelances, agences marketing et start-up technologiques trouvent à Dubaï un terrain fertile. Les revenus générés à l’international peuvent être logés dans une structure locale, avec une imposition plafonnée à 9 %.
2. Investisseurs immobiliers
Dubaï ne prélève ni taxe foncière, ni impôt sur les loyers. Mais les revenus provenant d’immeubles situés en France restent imposés en France. Un bon conseil juridique permet d’optimiser cette combinaison.
3. Gestion de propriété intellectuelle
Les sociétés de licences, brevets et royalties peuvent être installées en Free Zone. Les revenus de propriété intellectuelle sont imposés à 9 %, mais avec un accès facilité aux conventions fiscales.
4. Patrimoines familiaux et succession
Les Émirats offrent désormais des outils de planification patrimoniale : fondations, trusts locaux. Ces structures permettent d’organiser une succession internationale avec souplesse et sécurité.
Stratégies pour réussir son installation
- Préparer son départ : anticiper l’exit tax, clôturer ses comptes en France si nécessaire.
- Choisir la bonne structure : Free Zone pour une activité internationale, Mainland pour une activité locale.
- Démontrer la substance : investir dans des bureaux, employer du personnel local.
- Respecter la conformité : TVA, Corporate Tax, déclarations annuelles.
- S’entourer d’experts : fiscalistes, avocats, consultants spécialisés.
Un eldorado fiscal sous conditions
Dubaï reste l’une des destinations fiscales les plus attractives de la planète. Mais en 2025, elle n’est plus le « Far West » fiscal d’autrefois. La fiscalité est compétitive, mais encadrée par des règles de conformité strictes.
Pour un entrepreneur ou un investisseur, l’opportunité est immense : bénéficier d’une fiscalité douce, d’un environnement business-friendly et d’un positionnement stratégique entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Mais pour en profiter pleinement, il faut préparer son expatriation avec rigueur.
C’est précisément le rôle d’EXILLIUM : accompagner les particuliers et les entreprises dans cette transition, en garantissant un respect strict des normes fiscales internationales et en s’appuyant sur un réseau de partenaires experts.
Dubaï est bien un eldorado… mais réservé à ceux qui savent jouer selon les règles.